1889
| Le prince Kondo devenu en 1875 Vidaxo (prince héritier choisi par son père le roi Glèlè), accède au trône en 1889 sous le nom du roi Béhanzin (En langue fon : Gbê hin azin bo aï djrè. Qui signifie : "L'univers tient l'œuf que la terre désire"), son règne durera jusqu'à 1894.
Son symbole emblématique : un requin, un œuf. Sa devise : « Le monde tient l'œuf que la terre désire ». Grand résistant, défenseur de l'intégrité et de l'indépendance du royaume de Dahomey il a un message fort «Le requin en colère vient troubler la barre. Je suis le requin, je n'abandonnerai pas une parcelle de mon royaume», ce message sera l'étendard de son combat pour préserver l’intégrité et la liberté de son pays. Le roi Béhanzin a consacré la courte durée de son règne de 1889 à 1894 à l'édification et l'unité de son pays, à renforcer la puissance de son armée, à développer le commerce, l’architecture et les arts. Comme il disait "un pays n'est grand que s'il est libre, je ne cèderai jamais une parcelle de la terre de mes ancêtres", très attaché au respect de la terre des ancêtres il avait une croyance irréductible en l'indépendance des nations et à leur coexistence.
La ville de Cotonou a continué à être le principal point de conflit entre la France et le royaume de Dahomey, la situation se dégrade et les choses se compliquent lorsque la France construit à Cotonou en 1891 une grande jetée portuaire (wharf) dans la mer pour faciliter ses débarquements, dès lors le roi Béhanzin considère que la terre de ses ancêtres était en danger et refuse d'accorder à la France le doit d'occupation de la ville de Cotonou sans limite de durée, en réponse la marine française attaque le Dahomey en bombardant les côtes de Cotonou, une grande partie des habitants est massacrée.
Fidèle à son idéal de négocier d’abord avant de se battre, le roi Béhanzin avait utilisé tous les moyens possibles pour éviter la guerre et pour que le conflit qui opposait la France à son pays soit réglé par une négociation franche qui sauvegarde la dignité des deux pays, il avait même envoyé dès 1893 à Paris en France une mission officielle de négociation dont faisaient partie : Chedingen (gouverneur de la ville d'Abomey, chef de mission), Tossah (messager confidentiel du roi), Dosoo (secrétaire interprète du roi), Ayinunkunken (gouverneur de la ville de Godomey), mais Sadi Carnot Président en France à cette époque n’a pas daigné les recevoir, ce fait a même été illustré dans « Le Petit Journal » en date du 2 décembre 1893, le journaliste qui avait porté cette mission à la connaissance des français écrivait : «Ces Dahoméens étaient venus à Paris certains d’être reçus par M. Carnot… Peut-être rêvaient-ils, toutes proportions gardées, un accueil dans le genre de celui que l’on fit aux envoyés de Russie. Et voilà que personne n’a voulu faire attention à eux,…Ils sont repartis emportant le bâton-récade du roi Béhanzin. Nous n’avons pas voulu les laisser s’en aller comme cela; c’est pourquoi nous offrons leurs très ressemblants portraits à nos lecteurs. Que notre attention les console. C’est à peu près tout ce qui restera de leur éphémère passage à Paris ».
Le roi Béhanzin recherchant toujours à renouer le dialogue avec la France avait envoyé plusieurs lettres aux autorités françaises où il disait notamment : "Moi je reste dans mon pays, est-ce que j'ai été quelques fois en France faire la guerre contre vous ? ", "Je désirerais savoir combien de villages français indépendants ont été brisés par moi roi de Dahomey ?". Après l’échec de toutes ses tentatives de conciliation dont la mission envoyée en France en 1893, le roi Béhanzin n’ayant pas réussi par la négociation à éviter la guerre s'est déterminé à mener une résistance farouche contre la colonisation de son pays, son armée était bien organisée et s’est battu avec courage et bravoure, le roi était de tous les combats toujours présent sur le terrain aux côté de ses troupes, c’était un fin stratège difficile à vaincre, lorsque les combats étaient devenus trop meurtriers pour son armée il a mis en place une stratégie de résistance à partir du maquis et a tenu plusieurs mois sans être pris malgré les moyens très importants mis en œuvre par l’adversaire pour se saisir de lui. Le roi Béhanzin était toujours invaincu au bout de deux années de combats acharnés, et ce n’est que par la ruse et la tromperie que le Général Dodds réussit à le faire sortir du maquis en lui promettant que s’il interrompait les combats il l’amènerait en France rencontrer le Président des français le seul habilité dit-il au roi à négocier au nom de la France pour mettre fin à la guerre. Le roi Béhanzin a embarqué à Cotonou en février 1894 pour un voyage qu’il croyait à destination de la France pour aller négocier la paix avec le Président des français, lorsqu’il s’est rendu compte qu’il avait été trompé et trahi, et qu'il était tombé dans un piège dont il ne pouvait plus sortir, c'était déjà trop tard, il était déjà sur la route de l'exil. En 1894 le roi Béhanzin fut déporté en exil à la Martinique et ensuite à Blida en Algérie où il décède à Alger le 10 décembre 1906, enterré au cimetière Saint-Eugène d’Alger, sa dépouille mortelle ne pourra retrouver la terre de ses aïeux que 22 ans plus tard, même mort il continuait à faire peur aux autorités coloniales françaises, tant l'autorité du défunt roi était restée intacte dans son pays le Dahomey malgré la domination coloniale. Le roi Béhanzin est resté pour toujours le héros de la résistance à la colonisation, chaque Dahoméen a fait sien le dernier message du roi «Guédébé...reste debout, comme moi, comme un homme libre». |
1 commentaire:
VOIR:"DJIMÊ: LE TREPIED ou l'OSMOSE de 3 UNIVERS"
AZIZAMAN
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